Deux écran allumé et le clavier qui résonne en sourdine, je suis bi-mobile, passant de l'un à l'autre sans m'arrêter. J'ai les yeux explosés. Mais qu'importe, cette nuit je m'amuse, cette nuit je les fais chier. Alors un code par ci, un par par là. Je suis trois, quatre à la fois à leur envoyer des vidéos piratés, quelque virus pour pas que leurs bécanes aient froid. J'suis leur pire cauchemar et faut avouer que ce soir je m'en sort haut la main. Je pioncerai demain matin. D'ailleurs se serait peut-être l'heure non ? Abandonnons les ordinateurs et laissons l'esprit tourner en rond. Dormir rend con. Malheureusement peu de gens partage mon diction alors... Alors je reste debout, seul mais rassuré par me pixel jusqu'à l'aurore. Demain aussi, ou plutôt aujourd'hui. Faudra que j'appel Rome et les autres, qu'on voit toute cette histoire de journée de la tolérance et tutti quanti. What else très cher dans ce royaume de câbles et ventilateurs pour éviter la surchauffe je décide de finir un dernier code puis de laisser place à Morphée. Faut dire qu'elle attend depuis des lustres que je laisse enfin le charme opérer. Berçais dans ses bras. C'est pas que je veux pas mais j'suis sauvage, borné comme ailleurs on en trouve pas. Je m'écroule je crois. Pouf sur la clavier et voilà que les moutons aboient. Ouhla je rêve ou bien c'est moi ? Un cris. Passe le temps d'un vie, plus courte qu'un esseulé qui rit. Falcon qui est réveillé sûrement, moi je venais de m'endormir merci chéri. J'vous jure celui-là heureusement que je l'aime bien sinon bonjour le nombre de fois où il aurait eu des ennuis. Anyway, il va se faire foutre moi je dors. Il a qu'à se faire une manucure ou aller se balader dehors. Fort de ma très bonne résolution je m'enroule dans la couette avec un sourire de gentil bouffon. Le minutes s'écoule je replonge dans l'inconscient avec délectation. Cependant, bordel de merde, le revoilà qui hurle à travers l'appartement. Zen Road, va pas l'étrangler, au pire tu l'assomme puis tu va te repieuter tranquillement. Convaincu par mon idée je me relève donc, en boxer enroulé dans ma couette je sort et le retrouve au salon. Il comate devant des conneries de dessin-animés capitalistes ce con. « On t'a jamais dit que la télévision rend con ? » Pris finalement d'une flémmite aiguë je m'écroule à moitié sur lui avant d'ajouter. « Avec plusieurs bras, j'peux branler plusieurs mec, gérer encore plus d'ordi à la fois, te mettre plus de claque derrière la tête... La liste est longue j'peux te la faire après avoir dormi ? » Notons que je marmonne en baissant le son de la télé au passage m'installant un peu mieux contre lui pour pioncer.

Il parle. C'est fou ce que ce mec parle ! Les questions semblent jaillir de sa bouche aussi facilement que les abeilles d'une ruche. Réflexion faite ce mec est une ruche, un genre de ruche qui bourdonne sans arrêt du soir au matin. Un truc à vous rendre zinzin. J'me sens parfois prêt à lui coller une balle en pleine figure, pas que je le déteste, juste pour qu'un instant il se mette à la fermer. Pouff, un peu de rouge t'façons sa fera pas tâche avec les murs du salon. Mais j'aurai l'air d'un con, avec mon fusil comme ça, comme si je chassais le dindon. Glou-glou vite c'est l'heure de les buter. Enfin c'est surtout l'heure de me laisser dormir, par pitié. Et ça continue, ça ne s'arrête jamais. J'crois que dans la seconde je vais l'étrangler. Le faire taire à jamais, quel rêve vicieux qui ne cesse de me tenter. Ou alors, j'le baise. Pas que je me sente spécialement chaud comme la braise. Mais j'suis toujours opérationnel pour un minet à lever. La vulgarité, la vulgarité c'est pas pas bien alors les enfants, faut pas m'imiter ! La dernière question, enfin du moins la dernière que je lui laisse poser avant qu'il reprenne sa course effrénée. Elle me fait finalement causer. « Oui, j'ai piraté le Pyntagone à partir de ton terminal internet, tu seras accusé à ma place et t'iras en prison. Moi je serai décoré de l'ordre du mérite, et j'pourrais buter tous ces cons à la cérémonie en me transformant en bombe humaine. » La main sur sa bouche pour l'obliger à la boucler, j'ai un sourire de dément qui déforme peu à peu mes traits. J'ignore si c'est vraiment sur-joué... Non la bombe comme le piratage j'en suis capable, l'idée de les réduire en poussière pourrait même me faire bander. Par contre, le dénoncer à ma place c'est pas possible. Je suis cinglé mais pas fourbe avec mes rares amis. Du moins je crois, on bien j'en ai surtout envie. Anyway, je ne me décale pas d'un pouce, déplaçant juste ma main je me fous d'office dans ses bras pour me rendormir. J'aime la chaleur des autres, j'me sens moins pourrir. Mais l'avouer, il n'y aurait rien de pire. Bien sûr que je n'hésite jamais à mentir, j'suis de ces raclures de terroriste qu'on ne rêve que de voir rôtir. « Tu peux regarder les chaînes de docus animaliers ou de voyage, mais que voyage écolo, parce que la croisière s'amuse c'est plutôt la croisière m'pollue tu vois ? » Lui démentir ma connerie de tout à l'heure sur le piratage des ordis du chef d'état ? .. Non, si je faisait ça, se serait moins drôle et puis, je ne serais pas moi.